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25 février 2017 6 25 /02 /février /2017 11:52


Je suis un passionné de politique. De la chose politique, de la vie politique, des idées politiques. Je suis de ceux qui répètent à l'envie, parfois même jusqu'à la saturation la phrase d'Aristote.

« L'homme est un animal politique ».

Sans savoir si en vérité il disait politique ou social et quel sens donné par lui au mot politique. Je suis quelqu'un qui ne croit pas que l'on puisse être apolitique. C'est une notion qui me dépasse, qui me paraît pas difficile, pas fausse mais impossible. Par son action, par sa vie parfois on est forcément politique à son niveau, sous sa forme. Il est possible d'être apartisant mais certainement pas apolitique.

J'ai grandi avec l'idée que la connaissance des idées politiques, du savoir et même des rouages de la machine était un moyen d'ascension sociale. Je suis issu de la classe moyenne, où la politique était souvent locale, syndicaliste, personnelle. J'ai suivi de longues études, en Droit et en Science Politique. J'ai milité pour des campagnes, j'en ai fait à mon humble niveau certaines. Avec à la fois le détachement des convaincus. Qui s'efforce de se dire détaché des choses, mais qui dans le mouvement, dans le flux participe bien plus qu'il ne veut l'avouer. Car j'ai toujours eu au final ce regard à la fois triste et enjoué, détaché et concerné. Cynique et empathique. Sur plein de choses et aussi sur la politique.

J'ai mis pendant longtemps un point d'orgue à voter à toutes les élections. Dès que j'ai pût, dès que j'ai eu 18 ans, en 2003. J'ai toujours considéré cela à la fois comme un droit mais aussi comme un devoir. Que je le veuille ou non j'ai aussi été un enfant du 21 avril 2002.

Je me suis senti, écologiste, gaulliste de gauche, centriste, libéral, souverainiste,... Pas mal de choses différentes le temps de construire ma culture et en le disant avec des mots pompeux ma vision politique.

Je ne sais pas quand tout cela s'est cassé. Je crois que ce ne fut pas en une fois. Je crois que ce fut un processus, lent et global. Peut-être à force de trop bien comprendre comment cela se passait, de trop se rendre compte comment l'idéal se brisait sur l'écueil du réel. Pour paraphraser T.S. Eliot.

« C’est ainsi que finit mon monde
Pas sur un Boum, sur un murmure. »

Mais dans tout ce processus je pense que la télévision a joué un certain rôle.

De mon parcours j'ai aussi tiré une vision analytique, critique de la télévision et des médias en général. Et puis quoi qu'il arrive, même en tant que simple spectateur comment ne pas trouver cela critiquable, pénible et même pire insupportable.

J'ai définitivement abandonné l'idée de regarder une émission dite "politique" à la télévision française.

Le format est désastreux. Passant d'un sujet à l'autre en une heure et demie, deux heures au mieux. Des journalistes aka "procureurs" s'arrogeant une bonne partie du temps de parole et forçant toujours leur invité à dire ce qu'ils veulent entendre, ce qu'ils s'imaginent et même ce qu'ils pensent. Là comme toujours ce n'est pas une question de personnes mais de système, de format télévisuel. Les "procureurs" sont formés dans les mêmes écoles, côtoient les mêmes personnes, fabriquent encore et toujours les mêmes émissions, qui répondent aux mêmes critères des chaînes interchangeables. Les mêmes formats éculés pour faire moderne qui tombent à plat.

On parle pas politique. On y parle ragots, tactique, micro questions. Tout cela n'est pas aidé par le fait que les intervenants n'ont souvent aucune culture politique mais surtout une culture de l'événement. Et c'est encore plus vrai pour les "procureurs".

Je n'ai rien contre le mélange des genres mais quand c'est bien fait. Là tout sonne faux, tout ne tient pas. Les fameux invités semblent venus combler les manques des "procureurs" incapables de tenir une émission, de faire leur travail. On invite des vrais français, comme si les autres étaient des faux, on les placarde, on s'en vante même. Mais au final tout ce que l'on fait c'est montrer le décalage que l'on a avec la réalité et son incompétence.

Ce sont les mêmes "procureurs" qu'on voit encore partout et tout le temps. On dispose juste de temps en temps de leur nouvelle version. Mais fondée sur le même schéma, de la même manière. Et à chaque fois on les entend se tromper, pérorer et revenir ailleurs ou au même endroit. Ils sont spécialistes de tout et de rien à la fois. Ils sont les seuls à qui l'on ne demande jamais sur quoi et sur quel fondement s'applique leurs dires. Ils ne doivent souffrir d'aucune remise en cause.

C'est plat, criard, vulgaire et même pas grossier. Ces émissions confondent très souvent débat et empoignade, débat et querelle, débat et opposition. Et elles créent parfois même cette opposition. C'est une vision étrange du pluralisme qui s'étale là. Avec toujours au final en ligne de mire cette citation que l'on attribue à Jean-Luc Godard :

« L’objectivité, c’est 5 minutes pour Hitler, 5 minutes pour les Juifs »

Cela ne sert à rien et sera oublié le surlendemain. Les buzz que l'on nous répète à l'envie pour une ou l'autre petite phrase, un détail, qui s'en souvient le plus souvent ? Une polémique chasse l'autre comme toujours et au final qu'est-ce qu'on retient ? Au mieux cette émission va convaincre les convaincus et dégoûter les indécis.

Même les émissions dites généralistes qui invitent les politiques sont du même tonneau. Pire ils ont moins de temps pour intervenir, ne sont pas dans un contexte préparé à leur intervention. Ne comprennent pas forcément les codes de ce type de d'émission.

Pourquoi les politiques se rendent dans ces émissions alors ? Peut-être certains aiment ça, pensent que c'est leur métier, mais le plus souvent ils y sont obligés. C'est une vitrine. Une mauvaise vitrine, inutile déformante, vulgaire mais une vitrine quand même.

De mon côté j'ai laissé tomber, petit à petit j'ai dit non. Je préfère écouter des émission culturelles à la radio, lire des livres, rencontrer des gens. C'est un plaisir d'esthète, une facilité que je me permets ; Car pour la majorité des gens, qu'est-ce qui informe de la politique en général ? Les informations et ces émissions. Sauf que pour dégoûter du monde de la politique c'est exactement ce qu'il faut. Regarder ces émissions fréquemment et vous deviendrez abstentionniste revendiqué. Personnellement c'est un peu la tendance que je suis. A force, bon gré mal gré, j'ai commencé à me désengager de la militance. Je n'ai jamais été adhérent à un parti politique. Je ne l'ai jamais voulu. Mais j'ai abandonné l'idée de participer à des campagnes, de militer,... Puis petit à petit j'ai commencé à abandonner même ce que je considérait comme un devoir.

Voter.

Ce fut là aussi un processus. Lent et progressif. Le fait le plus marquant fut sans doute les élections européennes de 2014. J'ai quitté depuis un temps ma Bretagne natale, mais j'y votais toujours. Je faisais alors souvent procuration à mes parents. Lors de cette élection ils étaient en déplacement, personne n'a pût voter et alors que culturellement dans la famille ce devoir est ancré, personne ne s'en est vraiment soucié.

Je ne dis pas que les émission politiques et les émissions avec des politiques sont l'unique responsable de ce processus. Loin s'en faut. C'est un tout, un ensemble, qui est aussi le fruit de mon propre parcours. Comme en elles-même elles sont le fruit d'un système médiatique, d'un système global. Mais sans doute elles en offrent l'exemple le plus éclatant, le plus éclaté sur la place publique. Avec au surplus un privilège particulier. La sensation que les acteurs de ce système ne se rendent compte de rien, ne comprennent rien et semblent dans leur esprit rendre justice à la politique.

Triste monde.

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